Où il est question de temps, de luxe et de maisons de poupées. Entretien avec Alicia Vikander
Passion, rigueur et temps. Tels sont les facteurs qui déterminent la création d’un produit de luxe. Mais aussi d’une œuvre d’art ou d’une performance. Autant de critères qui définissent également les approches de Polestar et d’Alicia Vikander. Nous avons rencontré l’actrice oscarisée pour parler minimalisme, temps et de l’impact durable des magazines de décoration d’intérieur.
Vos racines, tout comme celles de Polestar, sont situées à Göteborg. Et nous nous intéressons tous les deux au design. Comment cet attrait s’est-il manifesté chez vous ?
Il est intéressant de jeter un regard rétrospectif avec des yeux d’adulte. Je n’étais pas spécialement attirée par le design quand j’étais enfant, mais j’adorais construire des maisons de poupées. Je fabriquais des meubles et je garnissais les pièces. Aujourd’hui, c’est clairement l’un de mes principaux passe-temps. J’aime façonner un espace à ma convenance, et j’ai eu l’opportunité de m’y adonner ces dernières années grâce à plusieurs projets.
Il s’agissait donc principalement de décoration d’intérieur ?
C’est exact. À l’époque, la plupart des filles de mon âge achetaient des magazines de mode. Moi, je les achetais pour paraître cool (rires). Mais lorsque je voyageais, je me précipitais sur les magazines d’architecture et de décoration d’intérieur. Plus tard, lorsque j’ai sillonné le monde pour mon travail, je n’ai pas eu de domicile fixe pendant des années. Je vivais dans des chambres d’hôtel et j’avais très peu de biens et autres effets personnels. J’ai créé, en quelque sorte, un espace dans ma tête dont je rêvais. C’est ainsi que j’ai accumulé des idées pendant des années, idées que j’emporte aujourd’hui partout avec moi. Des choses que je voudrais faire.
Quelle est votre définition d’un design de qualité ?
Un bon design repose sur la passion, la rigueur et le temps. C’est la qualité qui découle du fait de ne pas se sentir contrainte de prendre des décisions dans l’urgence. Il n’est pas surprenant qu’en tant que Scandinave, je sois attirée par le minimalisme et une certaine forme d’esthétisme. Pour moi, le minimalisme est loin d’être synonyme d’ennui. Il s’agit plutôt de choisir avec soin les éléments dont on a besoin. Ensuite, vous pouvez prendre des décisions audacieuses quant au choix des matériaux, à la manière de les combiner et à la façon d’accorder une attention particulière à chaque élément. Vous pouvez faire preuve d’expressivité et de créativité, tout en veillant à ce que chaque chose ait sa raison d’être. Il s’agit de soigner chaque détail.
L’attention portée aux détails est importante dans le minimalisme. Il s’agit de faire abstraction du superflu, de mettre l’accent sur les matériaux de qualité supérieure et de tout faire dans les règles de l’art. Le luxe et le minimalisme vont-ils donc de pair ?
En matière de design, de technologie et même de culture, le luxe a indubitablement joué un rôle de pionnier. Il s’agit, par exemple, de savoir pourquoi chaque détail a sa place dans un concept. Cela renvoie à la notion de méticulosité dont j’ai parlé plus haut. Le sentiment de savoir pourquoi quelque chose est censé être là. Je pense que c’est ce qui définit le luxe. Dans le spot publicitaire de la campagne, nous parlons du temps, et c’est bien de cela qu’il s’agit : il ne faut pas prendre de décisions hâtives.
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Vous avez mentionné vos racines scandinaves en parlant de votre intérêt pour le minimalisme. Dans quelle mesure le minimalisme est-il culturel ?
Je pense que lorsqu’on parle de ‘minimalisme’, on pense souvent à la Scandinavie, mais il s’agit d’une esthétique mondiale. Prenez le Japon et la Corée, par exemple. J’y étais récemment pour mon travail. À plusieurs reprises, je me suis dit, en entrant dans un restaurant, que ce serait une bonne idée pour ma cuisine ! (rires). Je considère comme très intéressant le fait de retrouver le minimalisme aussi bien en Asie qu’en Suède, malgré des personnalités et des modes de vie et de comportement différents. Les gens commettent parfois l’erreur de croire que les Suédois sont rigides. Froids même... Mais je pense que nous montrons plus notre vraie nature en entamant une conversation, lorsqu’il y a une véritable raison de dire quelque chose.
En observez-vous de nombreux exemples dans d’autres pays ?
Absolument. J’ai parlé des styles de vie tout à l’heure et, à cet égard, j’ai vécu de manière très minimaliste. Pendant de nombreuses années, j’ai appris à vivre sans rien. Quand j’étais petite, je voulais évidemment posséder des choses, mais il ne s’agissait pas de sacs à la mode ou d’autres produits de ce genre. Je préférais plutôt un meuble ancien (rires). Mon état d’esprit est en fait celui-ci : si quelque chose entre, quelque chose doit sortir. J’avoue que mon fils de trois ans n’aime pas entendre cela lorsqu’il s’agit de ses jouets (rires). Il n’est pas facile de se séparer de ses affaires, mais une fois que l’on sent que tout ce qui est là a une raison d’être et qu’il n’y a plus de désordre, l’effet produit se fait sentir immédiatement.
Cette attitude donne-t-elle plus de valeur aux choses que vous possédez ?
C’est certain. On peut comparer cela au luxe qui se dégage d’une garde-robe. Vous avez sous les yeux tout ce que vous possédez... et vous comprenez dans la foulée ce dont vous pouvez vous passer. Cela vous donne le luxe de pouvoir choisir.
Notre nouvelle campagne Polestar 3 s’articule autour de l’idée que le temps est un luxe. Quelle est votre définition du luxe ?
Nous vivons à une époque qui nous confronte constamment à des options. Je fais de mon mieux pour me concentrer sur ce qui compte vraiment. Je néglige mon smartphone et mes e-mails pour pouvoir terminer ce sur quoi je travaille et passer des moments avec ma famille et mes proches. Je leur consacre tout mon temps. Je veux faire tellement de choses, mais j’ai compris que cela finit par devenir contre-productif. Je dois prendre mon temps et le répartir entre toutes les choses que je dois faire.
Comment occupez-vous ce temps ?
Avec deux très jeunes enfants à la maison, je veux vraiment être avec eux quand je ne travaille pas. Nous faisons régulièrement des road trips. Mon plus jeune enfant est né à Paris. Nous avons donc dû conduire de Paris jusqu’à Lisbonne. Nous avons fait ce voyage plusieurs fois maintenant, nous prenons notre temps. Il est bon de ne pas se précipiter avec de petits enfants. Je passe beaucoup de temps avec eux, surtout avec mon fils de trois ans, je veux savoir ce qu’il fait. Il aime beaucoup la musique, alors nous en écoutons souvent lorsque nous voyageons ensemble. Nous passons énormément de beaux moments en voiture.
Vous intéressiez-vous aux voitures auparavant ?
En matière de voitures, j’apprécie tout particulièrement les road trips en famille. Lorsque j’étais enfant, mon père était le seul à s’intéresser aux voitures. Bien des années plus tard, mon mari s’est lancé dans la course automobile, ce qui m’a permis de découvrir l’art de la mécanique. Vous savez, l’aérodynamisme, les moteurs, ce sont des sujets que j’apprécie réellement aujourd’hui (rires). Il en va de même pour tout ce qui relève du domaine artistique : le cinéma, l’art, la littérature, la gastronomie. Aujourd’hui, je vois la même beauté dans les voitures que dans ces disciplines-là. C’est parce que j’ai rencontré des ingénieurs qui parlent technologie avec la même passion que moi lorsque je parle de mon art.
Qu’avez-vous ressenti en découvrant la Polestar 3 ?
J’ai été séduite par le design, mais c’est aussi ce qui m’intéresse naturellement. Ensuite, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une marque suédoise. J’ai été très attirée par l’esthétique scandinave, mais ce qui m’a le plus charmée, c’est la marque elle-même et ce qu’elle essaie de réaliser. Le projet Polestar 0, par exemple, me semble être un énorme défi à relever. Je pense malgré tout que c’est le type de challenge que les entreprises doivent relever aujourd’hui. Il est extrêmement difficile d’atteindre ces objectifs, mais il est de notre devoir de faire le maximum pour y parvenir. Au sein de notre propre entreprise et avec toutes les personnes avec lesquelles nous collaborons. C’est précisément cela qui m’impressionne chez Polestar.
Pourquoi collaborez-vous avec Polestar ?
Parce que je pense que cette façon d’anticiper les choses devrait être une obligation. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour réduire mon empreinte carbone par de petits changements. Évidemment, pour l’instant, il est difficile de ne pas produire d’émissions avec les voitures et les voyages. Cela fait partie de nos vies. En tant que constructeur automobile, vous êtes sur la bonne voie et vous faites des progrès si vous vous efforcez de minimiser l’empreinte carbone collective. Pour moi, cette démarche, combinée à l’héritage scandinave, matche parfaitement.
Pensez-vous que le développement durable et le luxe vont de pair ?
Je pense que oui. C’est ça le luxe des produits haut de gamme : avoir la possibilité d’investir de l’argent et du temps dans la fabrication de produits durables et réutilisables. Je pense en effet à ce dont j’ai vraiment besoin dans ma vie. Nous ne pouvons pas vivre de manière plus durable en achetant constamment de nouvelles choses. C’est ce qui m’attire chez Polestar. La technologie, les matériaux, les accessoires, les pièces de la voiture... tout peut être utilisé le plus longtemps possible et réutilisé par la suite.
En parlant de produits, avez-vous déjà vu le spot final de la campagne ? Qu’en pensez-vous ?
C’est un superbe spot publicitaire qui montre clairement la beauté de la voiture. Il dégage également une certaine simplicité, une énergie accessible. Disons les choses comme elles sont : les gens passent beaucoup de temps dans leur voiture. Alors faisons en sorte que cela en vaille la peine.
Vous êtes connue pour votre détermination. Qu’est-ce qui vous motive ?
Je pense que chacun, dans n’importe quelle profession, est très à l’aise lorsqu’il ou elle se contente de faire ce qu’il ou elle sait faire. C’est pourquoi j’essaie de me pousser à emprunter des voies que je n’ai pas encore explorées. J’aime la sensation de ne pas vraiment savoir ce que l’avenir me réserve.
À votre avis, est-ce important pour le processus de création ? Prendre des risques ?
Sans aucun doute ! C’est assez terrifiant, mais ce sentiment m’a toujours attiré. Ce n’est pas toujours la période la plus agréable à vivre, mais elle est payante. Le résultat se retrouve dans le produit final.